Toussaint: tous Saints !
En ce grand jour de fête sur terre comme au ciel, nous sommes appelés à partager la joie de tous ceux qui ne cessent de louer et chanter : « Amen, Louange, force à notre Dieu, pour les siècles des siècles ! Amen ». Et il s’agit d’une foule immense que nul ne peut dénombrer. Les saints canonisés, les bienheureux dûment répertoriés et fêtés dans la liturgie au fil des jours et toute l’année ; ces saints bien qu’ils soient fort nombreux, sont dénombrables ! … Alors qui, au juste, sont ces saints que nous célébrons dans la joie en cette fête de Toussaint qui nous vaut même des vacances ?
Et bien ces saints canonisés ne sont que la partie visible, comme la partie visible d’un iceberg…alors même que tous les autres saints sont la partie immergée, invisible donc, pour reprendre l’image de l’iceberg…et ce sont les 7/8 du dit iceberg. On pourrait même dire avec sainte Thérèse de Lisieux : « Rien ne nous assure que les saints canonisés soient les plus grands »
Alors qui fêtons nous ?
Les saints de nos statues, les saints connus, aimés, priés, célébrés au cours de nos messes. Ils sont comme les délégués, les représentants, les signes de tous les autres, inconnus, eux. Ce sont ceux des litanies qui nous sont donnés comme chefs de cordée de notre ascension vers le ciel et certains nous sont plus particulièrement proches, comme des frères ainés.
Il y a aussi tous les saints anonymes, cachés : ces mères de famille qui ont accompli leur devoir d’état avec amour dans le silence de leur maison et se sont appliquées à leur travail quotidien, banal, par amour du Seigneur et de ceux qui leur étaient confiés. Il y a cet homme, en proie aux difficultés d’un métier exigeant qui n’a cessé de trouver des moyens d’accomplir son métier avec sérieux, régularité, honnêteté, dans un milieu où l’argent, le prestige et l’ambition aveugle prédominaient ; cette personne qui malgré tous les aléas de la vie, les soucis financiers, de santé ou de famille, n’a cessé de mettre toute sa confiance dans le Seigneur, lui remettant sa vie jour après jour. Tous ceux dont nous ne connaitrons les noms qu’au ciel. Cachés aux yeux des hommes, ils sont connus du Père qui voit dans le secret et leur rend au centuple ce qu’ils ont semé sur cette terre.
Il y a encore les saints de nos propres familles, nos ancêtres : tel grand parent, parent, frère ou sœur qui nous ont précédés dans le Royaume. Ceux pour qui nous avons intercédés les 2 novembre des précédentes années. Ils contemplent à présent le Seigneur et, c’est certain, nous bénéficions de leur secours. Ce qu’ils ont accompli sur la terre, prières, efforts, combats pourraient bien être cause aujourd’hui des grâces dont nous bénéficions. Quelle merveille que cette Communion des Saints qui devrait éliminer toute jalousie : tout ce qui appartient à l’un appartient aussi à l’autre. Pas de jalousie donc : les chapelets égrenés par mon aïeule sont aussi pour moi.
Et puis, il y a également les saints des « périphéries », ceux qui n’ont jamais pu rencontrer Jésus sur cette terre, des hommes de bonne volonté qui ont écouté leur conscience et, sauvés par le Christ sans le savoir, ont vécu quelque chose de sa grâce, de sa vie, qu’ils ont généreusement partagé autour d’eux. L’Apocalypse mentionne des saints de toutes races, langues et nations.
Nous louons aujourd’hui le Seigneur des Vivants avec les saints de nos statues, les saints de nos familles, les saints cachés et enveloppés du silence de Dieu et les saints « hors frontière ». Ils sont tous plus vivants que nous.
Si la louange est belle et eschatologique, annonce de ce qui nous attend, elle nous donne aussi des clés pour vivre ici et maintenant l’appel à la sainteté : tous nous y sommes appelés. Tous ces saints nous crient haut et fort que seul le Seigneur est saint et que leur sainteté est une participation à la sienne propre. Ils se sont découverts faibles et pêcheurs, incapables de vrai bien et, « forts « de cette faiblesse, se sont jetés dans les bras du Seigneur dans une confiance totale et renouvelée, mendiant jour après jour, acte après acte, sa miséricorde, se laissant transformer de l’intérieur par le feu de l’Esprit pour pouvoir dire comme saint Paul : ce n’est pas moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Cette transfusion d’Amour, cette transformation qui font d’eux une « humanité de surcroit » du Christ, ils la doivent à leur abandon, à leur confiance.
Avec sainte Thérèse de l’Enfant Jésus et encouragés, tout dernièrement, par l’exhortation apostolique sur elle du pape François, nous pouvons méditer ses mots : « c’est la confiance qui nous soutient chaque jour et qui nous fera tenir debout sous le regard du Seigneur lorsqu’Il nous appellera à Lui ».
Avec assurance donc, redisons avec nos saints la prière apprise de Jésus lui-même à une sainte :
« Jésus j’ai confiance en Toi ».
Marie-Dominique Sovignet