Tout aurait pu finir par l'absurdité de la croix mais il y a ces 7 paroles qui ont traversé l'effroi.
Puisque le tombeau n'a pas su les retenir elles invitent à croire que les parole sont un avenir celles qu'on dit en vérité celles qui ont leur poids d'humanité.
Ce vendredi-là, Dieu recrée le monde en sauvant la parole humiliée la première parole s'adresse au Père la dernière aussi elles ont pour centre un cri d'abandonné.
Nous apprenons à tutoyer la lumière quand les ténèbres nous tirent en arrière.
En ce vendredi, j'ôte mes sandales de mes pieds.
Et je m'avance comme les femmes qui suivent le Christ.
Filles de Jérusalem, impuissantes, elles regardent, elles pleurent.
Mais elles sont là, auprès de lui.
Nous sommes rassemblés,
sans distinction de confession ou d'appartenance,
pour contempler, pour prier,
pour nous souvenir de la mort de notre Seigneur.
Pour les disciples, et pour tous ceux qui suivaient Jésus,
ce jour est un jour de deuil.
Il était inimaginable
que la vie puisse émerger de tant de souffrance.
N'anticipons pas sur un tombeau vide et sur le dimanche qui vient.
Les annonces successives de Jésus qui ont précédé cet événement
ont été oubliées.
Elle reviendront plus tard à la mémoire des disciples devenus apôtres.
A ce stade, seule s'exprime la douleur.
Nous allons entendre, l'une après l'autre,
les paroles prononcées par Jésus sur la croix.
Ecoutons les Évangiles.
Du fond de toutes nos douleurs,
convertissons-nous à la confiance en Dieu.
Comment parler de Dieu quand meurt le Christ ?
Comment parler de Dieu du fond des ténèbres du vendredi saint ?
Seul le silence peut accompagner la souffrance.
Première parole
Arrivés au lieu dit « le Crâne », ils l’y crucifièrent
ainsi que les deux malfaiteurs, l’un à droite, et l’autre à gauche.
Jésus disait : « Père, pardonne-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font. »
Et, pour partager ses vêtements, ils tirèrent au sort (Luc 23.33-34)
Jésus arrive au terme de sa Passion.
Depuis sa comparution devant Pilate, Jésus se tait !
Le voilà crucifié après un faux procès,
Condamné pour avoir dit la Vérité…
Il a subit les outrages les plus féroces : flagellé, humilié, dénudé…
Il est porté en croix, le châtiment des brigands !
C’est alors que Jésus prend la parole,
Une parole insensée autant qu’inattendue !
On aurait pu s’attendre à une parole de rébellion, voire de soumission après avoir subi tant d’injustice !
Et bien non : Jésus parle de pardon !
Il demande à son Père de pardonner à ses bourreaux !
A son Père, dont l’Amour est tout puissant et sans limite !
Jésus nous ouvre un chemin nouveau, celui du pardon !
De notre coté, comment pardonner quand la blessure est trop grande ?
Comment une victime peut-elle pardonner à un père incestueux, à un prédateur sexuel qui a brisé notre vie ?
Difficile pardon, impossible pardon pour notre pauvre condition d’homme pêcheur !
Alors, Jésus nous donne un chemin de pardon : il nous met dans les bras de son Père,
Ce Père "du ciel", qui va pardonner à notre place, dans l’attente de pouvoir, peut être, un jour, pardonner nous aussi, à notre bourreau !
Quel magnifique don d’amour nous propose le Christ !
« Car ils ne savent ce qu’ils font » précise Jésus :
Non, ce n’est pas pour excuser les auteurs qui s’apprêtent à réaliser le crime insoutenable de mettre à mort Jésus !
Ses bourreaux, à ce moment là, ne pensent qu’à exécuter la sentence de Pilate.
De même, nos bourreaux, au moment où ils commettent leurs méfaits, ne réalisent pas les dégâts qu’ils provoquent à leur victime.
Mais, Dieu, notre Père très aimant sait, lui, que le bourreau aura, lui aussi, besoin de Son Amour !
Jésus nous a enseigné le pardon, maintenant, sur sa croix, il vit le pardon, pour offrir à chacun le Salut !
Dieu nous offre son pardon ! En acceptant ce pardon reçu et donné, Dieu permet à la victime de se reconstruire, et au bourreau de se convertir !
Deuxième Parole
L’un des malfaiteurs crucifiés l’insultait : « N’es-tu pas le Messie ? Sauve-toi toi-même et nous aussi ! » Mais l’autre le reprit en disant : « Tu n’as même pas la crainte de Dieu, toi qui subis la même peine ! Pour nous, c’est juste : nous recevons ce que nos actes ont mérité ; mais lui n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras comme roi. » Jésus lui répondit : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui, tu seras avec moi dans le paradis. » (Luc 23.39-43)
Le Dieu caché de la croix suscite en moi cette chose inouïe.
Cette chose qui est toujours au devant de nous, cette chose qui n'est jamais atteinte :
la capacité d'offrir à autrui
un amour créateur de bonheur et de vie
qui s'appelle tendresse.
« Tu seras avec moi.»
La vérité d'une Présence :
Ici est notre avenir véritable
Ici est l'accomplissement de l'Espérance.
Troisième Parole
Voyant ainsi sa mère et près d’elle le disciple qu’il aimait, Jésus dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. »
Il dit ensuite au disciple : « Voici ta mère. »
Et depuis cette heure-là, le disciple la prit chez lui. (Jean 19.26-27)
Voici le premier né de toute la terre.
Il descend dans le fond sans fin de la misère humaine.
Dans ce jour il n'est pas une seule douleur,
une seule obscurité
une seule solitude
que le Christ n'ait pasvisitées
pour nous.
Au début de cet immense nuit de silence, son amour ne cesse pas de s'exprimer.
Il met en lien une mère et un fils.
Deux personnages qui n'ont pas de nom dans l'Evangile de Jean.
A eux, nous pouvons nous identifier
quelque soit notre nom...
Lorsque nous sommes en lien,
notre passé, notre présent, notre avenir
sont promis à la guérison.
Nos enfers intérieurs sont guéris, consolés, pardonnés.
Car notre Seigneur est le Seigneur des vivants et des morts.
L'amour infini peut prendre sur lui le poids de nos agonies pour que nous recevions l'espérance qui ouvre le ciel
Quatrième Parole
A midi, il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à trois heures. Et à trois heures, Jésus cria d’une voix forte : « Eloï, Eloï, lama sabaqthani ? » ce qui signifie : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » (Marc 15.33-34)
Devant cet appel déchirant,
comment trouver la force du pas suivant?
Il faut
Marcher sur les épines du silence
Tenir dans la nudité de l’absence
Il fait nuit en plein midi
Le malheur me vole l’horizon
Je vis en noir et blanc
et rien n’est plus comme avant
J’ai le cœur débranché
J’ai le corps haché
Je ne sais plus mon nom - Dans ce pays de sables mouvants
Il faut trouver la force du pas suivant
Avec l’épuisette à mots, écoper patiemment - l’eau noire de mon tourment
Vider le non pour retrouver le oui
Il faut trouver la force du pas suivant
Et sortant de l’éboulement de ma terre
réapprendre le chemin de la lumière
Doucement, tendrement
Comprendre enfin que si je parle - c’est parce que toi, notre Dieu notre Père, Tu es là
Et qu'avec toi nous pourrons passer le seuil
Vers la vie
Qui attend
Devant.
Cinquième Parole
Après quoi, sachant que dès lors tout était achevé,
pour que l’Ecriture soit accomplie jusqu’au bout,
Jésus dit : « J’ai soif » (Jean 19.28)
L’Eau Vive a soif !
La Source a soif !
Des soifs, il y en a de toutes sortes :
si répandues dans le monde et dans nos êtres.
Ces soifs que Tu as repoussées au désert parce qu’elles ne comblent pas
et nous rendent toujours plus assoiffés de vide et de néant.
L’Eau Vive a soif !
La Source a soif !
Pourtant des êtres humains ont soif – d’eau tout simplement –
et n’y ont pas accès parce que nous ne savons pas partager,
nous ne voulons pas partager.
Des êtres humains ont soif de dignité, de pardon
comme la Samaritaine à laquelle, déjà,
Tu avais dit scandaleusement :« Donne-moi à boire »
(car un Juif ne s’adresse pas à un Samaritain et encore moins si c’est une femme).
Mais c’est Toi qui l’as désaltérée, Toi l’Eau Vive,
lui rendant sa dignité, comblant sa soif de bonheur et de liberté
et la transformant en disciple.
L’Eau Vive a soif !
La Source a soif !
Un minimum d’humanité et de compassion
aurait consisté à passer de l’eau fraîche sur tes lèvres desséchées,
mais non, on te donne du vinaigre,
ce vinaigre que nos rancœurs savent si bien répandre autour de nous
quand le cœur nous manque.
Du vinaigre à Celui qui, aux noces de Cana,
a transformé l’eau des jarres débordantes en bon vin
L’Eau Vive a soif !
La Source a soif !
À nous de devenir source à notre tour en nous abreuvant de la Source, de l’Eau Vive.
Sixième Parole
Dès qu’il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « Tout est achevé »
et, inclinant la tête, il remit l’esprit. (Jean 19.30)
Tout est achevé.
Jésus, tu as fini ton travail.
Ton travail de sauveur.
Tout ce que tu devais faire,
tout ce que tu devais dire,
tout ce que tu devais vivre...
Achevé.
Toutes les paroles à dire aux hommes pour qu’ils les entendent.
Toutes les actions, pour qu’ils sachent qu’ils sont aimés.
Et ce don de ta vie, jusqu’au bout, jusqu’à la fin, jusqu’à l’extrême.
Achevé.
Tout est accompli.
Mené à bonne fin.
A son accomplissement.
Non seulement ce que toi, Jésus, tu avais à faire,
mais aussi ce qui dans ma vie est inachevé.
Tant de choses sont inachevées dans ma vie.
...Ce projet qui me tenait tant à cœur, et qui n’a pu se réaliser...
Cette relation rompue.
Cette réconciliation qui n’a pu aller à son terme.
Quand tu es entré dans ma vie Seigneur,
là où mes amours humaines avaient tourné court,
tu avais fait couler le bon vin de Cana.
Mais maintenant, le vin a tourné au vinaigre.
Et c’est toi qui l’a pris, Jésus, ce vinaigre.
Tout ce que j’ai raté, tous mes échecs, mes amertumes ...
Toi Jésus, tu les portes à l’achèvement.
Rien ne sera perdu, rien ne sera jeté.
Parce que tu as tout pris dans le don de ta vie.
Tout est achevé.
Mon cœur déborde de reconnaissance !
Comment rendrai-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ?
J’élèverai la coupe du Seigneur, oui, devant tout son peuple.
Septième Parole
C’était déjà presque midi
et il y eut des ténèbres sur toute la terre jusqu’à trois heures,
le soleil ayant disparu.
Alors le voile du sanctuaire se déchira par le milieu ;
Jésus poussa un grand cri ;
il dit : « Père, entre tes mains, je remets mon esprit. »
Et, sur ces mots, il expira. (Luc 23.44-46)
L'Esprit remis entre les mains de Dieu,
c'est le même que celui qui tournoyait au-dessus des eaux, au commencement. C'est le même qui est à l'origine de la parole : que la lumière soit !
Il y a 5 jours, Jésus est entré à Jérusalem
Son premier acte a été d'aller voir le temple
il a tout bien regardé.
Qu'est-ce qu'il a vu ?
Une caverne de bandits.
Il fallait faire place nette :
Il a chassé les marchands,
Mais c'était trop tard.
Il a voulu remettre Son Père au centre
Mais c'était trop tard.
Le temps était venu
Il n'y avait pas de fruit.
Y en avait-il jamais eu ?
En tout cas les fruits qui restaient
étaient pourris.
Au désert, le Diviseur a tenté le Christ : Si tu es le fils de Dieu...
Jésus a répondu : tu ne tenteras pas
Comme autour de la table avec les disciples,
Pierre a tenté le Christ :
Mais non, tu ne vas pas mourir !
Jésus a répondu : vade retro satanas
Jésus a suivi son chemin
Jusqu'au bout
Au moment suprême de la mort, rien qu'un homme qui souffre
Et le Satan qui pleure
non Satan ne pleure pas la mort de Jésus
Mais il pleure l'amour du Père qui triomphe en se rapprochant des humains
plus près qu'il n'avait jamais été
Maintenant tout est possible.