Novembre 1964 - novembre 2024 : 60 ans
60 ans depuis lesquels les pères évêques, lors du concile Vatican II, ont restauré le diaconat permanent.
60 ans, cela correspond à deux générations de diacres, la première génération ordonnée au tout début de l’année 1970 est d’ailleurs en train de disparaitre, c’est donc l’occasion pour l’ Eglise de faire un point d’étape, de relire cette histoire et de voir si les promesses ou attentes liées à la restauration de ce ministère ont été tenues, atteintes, lorsque le concile a restauré ce ministère en ces termes :
« Au degré inférieur de la hiérarchie se trouvent les diacres auxquels on a imposé les mains « non pas en vue du sacerdoce, mais en vue du ministère ». La grâce sacramentelle, en effet, leur donne la force nécessaire pour servir le Peuple de Dieu dans la « diaconie » de la liturgie, de la parole et de la charité, en communion avec l’évêque et son presbyterium » Lumen Gentium, n°29
C’est un ministère qui est à la fois connu et installé notamment dans notre paroisse avec 6 diacres et en même temps, certains fidèles ont du mal à le situer, à le définir, à en comprendre la nécessité et d’ailleurs certaines paroisses n’en ont pas, ni même certains pays…
Cet anniversaire a été célébré essentiellement au niveau des diocèses, pour le nôtre, c’était le 5 octobre dernier à Fourvière avec Mgr Lagadec.
Je pense qu’en paroisse, la mise à l’honneur de cette restauration est beaucoup plus rare, aussi au nom de l’ensemble des diacres de la paroisse, je vous remercie, Père Patrice, de cette attention, qui nous donne l’occasion de réfléchir ensemble à ce ministère.
Avant de revenir au diaconat, quelques mots sur les textes du jour pour honorer la diaconie de la Parole !
Dans le Deutéronome que nous venons d’entendre, il y a cette phrase :
« Tu craindras le Seigneur ton Dieu, tu observeras tous ses décrets et ses exigences, […] tu veilleras à mettre en pratique ce qui t’apportera bonheur et fécondité, dans un pays ruisselant de lait et de Miel »
Ainsi, il nous est rappelé, si besoin était, que la seule personne qui puisse nous rendre vraiment heureuse, ce qui est la quête de notre humanité, le bonheur, et bien ce bonheur se trouve en nous mettant en marche à la suite du Seigneur, de faire sa volonté, de mettre en pratique ses décrets.
Fort de cette certitude, que nous ne pouvons pas garder pour nous, nous nous devons d’annoncer cette bonne nouvelle à toutes et tous.
D’autant qu’avec Jésus, la volonté de Dieu, ses décrets, ses exigences, deviennent plus incarnés, plus palpables. A travers lui, Dieu se découvre comme un Dieu aimant et attendant d’être aimé en retour. Avec Jésus, on voit Dieu, on voit comment Dieu aime et à l’école du Christ, aimer Dieu et aimer l’homme deviennent les deux faces d’une même pièce, indissociables.
C’est la bonne nouvelle de l’évangile de ce jour.
Aussi, alors que le mois d’octobre, mois de la mission, vient de se terminer, nous sommes rappelés à cette exigence d’annoncer ce qui nous fait vivre et qui nous procure du bonheur, ce qui est source de fécondité pour nous.
Pour le dire autrement, la mission de l’Eglise, et donc des baptisés, et d’être au service de l’amour dont Dieu aime le monde, c’est d’être au service de la relation de Dieu et de son humanité.
Si c’est la mission commune à tous les baptisés, nous savons aussi que dans notre Eglise, par le sacrement de l’ordre, certains sont disposés pour être au service de tous, dans des taches précises, afin de les amener à être fidèles à leur baptême, ce sont les évêques, les prêtres et les diacres.
Et s’il y a 60 ans, les pères conciliaires ont restauré le diaconat permanent, c’est que sous l’inspiration du Saint Esprit, ils ont senti cette nécessité, ce besoin afin d’être plus fidèle à la mission de toute l’ Eglise et rejoindre de manière plus complète les femmes et les hommes de notre temps.
En fait, ce mouvement, n’est pas propre au concile, L’Eglise cherche en permanence et depuis toujours à avoir des ministères qui correspondent au besoin de sa mission : les ministères évoluent , disparaissent, réapparaissent car ils n’existent pas en eux même mais uniquement en relation avec la mission de l’ Eglise.
Et donc aujourd’hui, fêter les 60 ans de la restauration du diaconat, c’est rendre grâce au Seigneur qui prend soin, toujours et encore, de son Eglise en lui donnant les ministères dont elle a besoin pour son humanité.
Au degré inférieur de la hiérarchie, le diaconat rappelle que toute l’Eglise doit être servante, que tout ministère dans l’Eglise s’enracine d’abord et avant tout dans le service et l’amour : faire sentir à tous les hommes qu’ils sont aimés de Dieu, en étant présent à leur côté, en leur faisant sentir de manière gratuite et désintéressée que leur existence même blessée même cabossée, même défigurée quelque fois par le mal, a une dignité incomparable et que Dieu les attend.
C’est pour cette raison qu’un nombre important de diacres reçoivent des missions vers les périphéries existentielles de notre humanité.
Pour le dire autrement, « Si le prêtre, du fait de son sacerdoce ministériel, rend possible la célébration du sacrifice eucharistique, le diacre doit en quelque sorte préparer l’assemblée, et même la rassembler. Son attention pour les plus pauvres est ainsi finalisée par ce rassemblement. Il a le souci des membres les plus fragiles du Corps, non seulement parce qu’ils sont fragiles, mais aussi parce qu’ils manquent au Corps du Christ.
Le diacre est donc envoyé vers ceux qui sont dans le besoin pour les inviter à prendre leur place dans l’assemblée des croyants. Et s’ils ne peuvent rejoindre l’assemblée, le diacre sera un pont entre les deux. Il représente l’Église auprès des plus éloignés, et il représente les plus éloignés auprès de la communauté rassemblée, en particulier en lui donnant des nouvelles de ces frères absents. Le diacre fait ainsi le lien entre le Christ présent dans les pauvres et le Christ présent dans l’assemblée réunie en son Nom. »
(Mgr de Germay)
Le diacre est donc souvent dans un entre deux, à la foi ministre ordonné mais aussi souvent époux, papa, professionnel investi dans une entreprise.
Nous sommes, dès lors, invités, à faire des vas et vient incessants entre le cœur de l’Eglise et le monde, un peu à la manière des hirondelles qui vivent en Europe une partie de l’année et en Afrique l’autre partie, mais qui sont toujours des hirondelles, quel que soit le lieu où elles se trouvent, et nous qui sommes fidèles à notre ministère quand nous sommes en plein monde professionnel, politique, syndical ou auprès des pauvres et des sans-voix et pleinement fidèles à notre ministère quand nous sommes à l’autel, parmi les autres ministres ordonnés ou en train de servir tels ou tels groupes ou personnes réunies au nom du Christ… (Emprunté à sœur Laure Blanchon)
Ainsi dans le cadre de la liturgie eucharistique, la présence discrète du diacre, son mutisme pendant toute la prière eucharistique rend compte de cela : sa présence silencieuse rappel, que si la coupe du sang qu’il élève, a bien été versée pour toute la multitude, cette multitude n’a pas encore été rassemblée et certains restent toujours en périphérie, voire plus loin…
Et quand nous ramassons les miettes du corps du Christ dans la patène ou dans le corporal avec respect et soin, après la communion, c’est en priant pour tous ceux qui ont des vies en miettes et qui n’osent pas encore avancer devant le Seigneur ou qui espèrent, sans trop le dire, les miettes qui tombent de la table comme dans l’évangile de la Cananéenne. (Emprunté à Gilles Rebêche)
Alors durant, cette eucharistie,
Rendons grâce au Seigneur qui appelle à temps et à contre temps des hommes au diaconat mais aussi au sacerdoce,
Rendons grâce pour les communautés qui sont les berceaux de ces vocations et qui se réjouissent de la diversité des ministères et des profils répondant à la diversité du peuple de Dieu,
Et prions pour notre Eglise afin qu’elle sache toujours plus être fidèle à sa mission, c’est-à-dire servir la relation de Dieu et de son humanité, souvent blessée, pour la gloire de Dieu et le salut des hommes.
Amen